Grandir dans une entreprise familiale qui grandit

25 mars 2018

J’avais 4 ou 5 ans quand mon père a acheté le fond de commerce de son employeur qui était décédé subitement. Installant alors son atelier dans le garage de la maison, petit à petit, il a fait de la maison l’entreprise et de l’entreprise, la maison. Les Riverin «étaient» en affaires et «dans» les affaires.

L’enfant en moi en garde des souvenirs heureux  

Notre sous-sol avait des airs de Bureau en gros, en plus petit. Vieilles filières à tiroirs multiples, calculatrices, étagères en métal gris-vert, machines à écrire et plusieurs autres d’objets auxquels je ne trouvais aucune inutilité à mon âge. Sauf la caisse enregistreuse… Wow! Imaginez cette machine à pitons, modèle 1950 avec une manette à gros bout rond pour ouvrir le tiroir caisse. K-chling! Comme une boîte à surprise à ressort, mais avec de l’argent dedans…!

Mon inspiration pour jouer aux affaires  

À 5 ans, j’ai donc ouvert mon magasin général dans le sous-sol. Presque comme un vrai, j’avais un bel inventaire d’objets recyclés, à revendre à mes parents. Je me suis faite expropriée vers l’âge de 8 ans! Tapis «shaggy», «plywood» imitation bois; mes parents rénovaient l’espace façon année 1980. Les affaires allaient sans doute bien pour eux… mais les miennes, non! J’ai dû fermer mon magasin… Ben là!

Installée sur la table de cuisine avec ma mère, je ne savais encore ni lire ni écrire et je griffonnais les vieilles factures «en lettres attachées». Je jouais à la comptabilité. J’essayais d’écrire «payée» en pensant que chaque facture griffonnée nous enrichissait! J’aimais jouer aux affaires. Pour ma mère, faire les comptes étaient une tâche lourde qui la rendait anxieuse. Un mal nécessaire; maintenant, on la comprend!

L’adolescente avait envie de respirer un autre air

À l’adolescence, j’ai commencé à développer une aversion au commerce de mes parents. Il prenait trop de place dans notre quotidien. Chaque matin, réglé comme une horloge, le compresseur de l’atelier signalait que nous étions ouverts. Sur l’heure du lunch, j’assistais à la coordination du travail, aux appels des contracteurs et à l’arrivée impromptue des voyageurs de commerce.

«Ah non, pas encore lui!», je me sauvais au sous-sol.  

Mes amis étaient incapables de me joindre par téléphone, la ligne étant occupée sans arrêt pour les affaires. Ado à fleur de peau, je n’en pouvait plus! Je n’avais plus envie de jouer aux affaires, j’avais plutôt envie de respirer un autre air!

Préserver l’équilibre familial

Heureusement, sans doute parce que les affaires allaient bien, c’est ce que nous faisions tous les week-ends. En famille, on se sauvait pour se rendre à notre nouveau chalet. Avec le recul, je comprends que c’est de cette façon (et d’aucune autre!) que nous avons créé nos plus beaux souvenirs en famille. Le chalet est devenu notre vraie maison, notre ancrage familial. C’était essentiel à notre équilibre, à tous.

Mes parents ont formé toute leur vie une incroyable équipe entrepreneuriale. Unis, ils travaillaient avec leurs forces respectives et ils se préservaient par leur discipline et leur amour. J’ai entendu ma mère dire «non» aussi souvent que «oui» pour éviter que mon père ne travaille trop. Résultats : 37 ans en affaires, 50 ans de mariage, en bonne santé à 75 et 78 ans, deux enfants, une belle Juliette. Le commerce est fermé depuis plus de 10 ans et le chalet est devenu officiellement la résidence familiale.

Moi qui caresse l’ambition de changer le monde, leur parcours modeste et équilibré me fait beaucoup réfléchir. L’entrepreneuriat, c’est basé sur le fait de se choisir, de s’imposer des limites, tout en persévérant ce rêve, ce que nous souhaitons offrir au monde. Chaque entrepreneur a une vision très personnelle de la manière dont il souhaite se choisir.

Avec le recul, je comprends que c’est en moi

Et avec Rouge Canari, ce n’est plus un jeu; c’est ma réalité. Je ressens pourtant le même plaisir que quand j’étais dans mon sous-sol à jouer au magasin général. La même liberté. Mais je ne joue plus, je me choisis. Avec la sagesse de mes apprentissages, la semaine je suis à fond dans les affaires et les week-ends, je chéris ces rendez-vous sacrés avec mes amours, ma famille.

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Mes apprentissages:

1-Nos enfants sont aussi en affaires. J’ai apprécié qu’il y ait de la place pour autre chose que l’entreprise dans la famille.

2-Entreprendre en cohérence avec ses valeurs et ses ambitions personnelles, c’est donner l’exemple à nos enfants qu’il est essentiel de se choisir dans la vie. Le contraire serait de se laisser mener par les événements et les autres.

3-Être sur son X, c’est un peu comme retrouver ses petits bonheurs d’enfant, entre le plaisir, la liberté et l’accomplissement. C’est jouer, mais pour vrai.

4-Perdre son FUN en affaires, c’est peut-être oublier de se CHOISIR.

Avez-vous grandit dans un entreprise qui grandit?  Qu’avez-vous appris?

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À propos de Rouge Canari

Rouge Canari, vise le développement de l’entrepreneuriat sous toutes ses formes, par la création et le déploiement d’études, d’analyses et de stratégies visant les entrepreneurs. L’entreprise compte parmi ses clients/partenaires connus le MESI, la Fondation des familles en affaires, Femmessor, l’École d’entrepreneurship de Beauce (EEB), la Fondation de l’entrepreneurship, des groupes privés et les grandes corporations dans les domaines des services professionnels et bancaires. Rouge Canari bénéficie de collaborateurs/collaboratrices de longue date d’expertises variées. C’est une équipe passionnée et expérimentée qui prend vos projets d’entrepreneuriat en main.

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