Mettre un genou par terre, puis l’autre

22 avril 2020

En mars, mes deux genoux ont flanché. Baignée dans une profonde incertitude, épuisée pour des motifs personnels, je vivais déjà sur mes réserves en me disant : « Février c’est toujours le mois le plus dur pour le moral, en mars l’énergie va revenir! » Elle va revenir avec le printemps. Or, ce n’est pas le printemps qui est arrivé, c’est le COVID-19.

Pendant tout le mois, j’ai figé comme un chevreuil ébloui par les phares des voitures. Consciemment, le temps s’est figé dans le temps…

J’ai pourtant l’habitude de créer dans le chaos, j’excelle sous pression, malheureusement. Mais pas en mars 2020. J’ai pratiquement disparu de ma vie professionnelle. Incapable de réagir, incapable de me remettre au boulot, jour après jour. J’avais les deux genoux par terre.

Et j’ai décidé de lâcher prise.

D’attendre que ça passe. Sans lutter, sans me juger, sans me morfondre à essayer d’essayer d’être productive. Limitant mes activités à des moments en famille, à d’autres grands moments de solitude (un peu comme tout le monde). Priorité aux activités «zéro quotient». Y’en a qui appellent ça de la méditation… Jardiner, cuisiner, peindre, jouer avec le chat, jouer avec le nouveau lapin nain, pas d’excès de Netflix, suivre l’actualité mais pas trop, écouter religieusement mon PM, pas d’excès de ménage, mettre de l’ordre sans pression.

Puis j’ai vu des traces de raton laveur. Puis j’ai fait des recherches pour savoir comment m’en débarrasser. J’ai acheté une cage. J’ai attrapé le raton laveur. Puis je me suis demandée quoi faire avec une fois attrapé? Finalement, j’ai payé sa relocalisation dans les Laurentides. Le temps s’est mis à prendre une autre dimension. Il a ralenti mais sans lourdeur.

Puis j’ai senti qu’une moufette rôdait. J’ai remis ma cage. Je n’ai plus rien senti. J’ai observé les geais bleus, les chardonnerets et les mésanges. Puis les étourneaux et les merles. Les oiseaux sont bel et bien au rendez-vous du printemps, mais pas le printemps lui-même…

J’ai donné des cours de cuisine à ma grande. Il était temps!

J’ai attendu. Sans forcer. Attendre que cette énergie intérieure qui me propulse sans cesse vers ma passion, l’entrepreneuriat, revienne. Attendre que les idées reviennent, attendre que la motivation revienne, attendre car de toute façon c’est la tempête économique sanitaire et sociale dehors. Ce n’est pas le printemps.

J’ai pleuré puis j’ai demande de l’aide. Et ça m’a aidée. Une belle discussion, de l’acceptation et une tappe dans le dos à moi-même.

Dans un élan de motivation, j’ai écouté mon PM. J’ai bénévolé! Clairement, faire du bien ça fait du bien. Sans trop savoir pourquoi, me remettre en action tout doucement, sans pression, a tout débloqué.

Je me suis remise à écrire, à penser boulot, je suis sortie de mon hibernation. En évitant de surcharger ma « to do » liste.

Ce n’est pas encore le printemps dehors mais il est revenu en dedans, COVID ou pas!

MAIS MEERDE… j’ai attrapé la moufette!

Comment vivez-vous cette période difficile? Savez-vous lâcher prise sur votre habitude de performance?

14 Comments
  1. Marie-Andrée Fortin
    18 juin 2020Répondre

    Vraiment un beau texte! Prends soin de toi. Bisousxxx

  2. Christopher Breault
    4 février 2021Répondre

    Beau texte, inspirant.
    Salutations très chère Nathalie.
    Bisous, Chris Breault

  3. Armelle Dugué
    4 février 2021Répondre

    Quel beau témoignage Nathaly, prends soin de toi et tout plein d'énergie pour la suite qui s'annonce lumineuse. Je t'embrasse
    Armelle de l'OFQJ ;-)

  4. Annie Fortin
    4 février 2021Répondre

    C'est un excellent texte qui me rejoint grandement. Le lâchez prise est nécessaire. Prends soin de toi !

  5. Sylvie myre
    4 février 2021Répondre

    Nathaly, on reconnait les grands à ceux qui se relèvent. Bravo! Il n'est écrit nulle part le temps que ça prends pour se relever ni comment, l'important c'est juste de se relever...pis après on a le droit de marcher plus lentement et de profiter du moment présent. xox

  6. Catherine-Ann Blackburn
    4 février 2021Répondre

    Merci de partager ces petits moments et tes pensées avec nous, chère Nathalie!
    J'ajouterais que tout cela se passe dans cette coquette maison pleine de vie, de chaleur, de douceur et tellement invitante. Tout comme toi, nous tenons le coup et gardons les yeux rivés vers l'avenir et avec l'espoir que bientôt, nous pourrons nous retrouver pour partager d'autres moments précieux et réflichir à de belles initiatives entrepreneuriales.
    Prends bien soin de toi, chère amie! : ) xx

  7. Francis
    4 février 2021Répondre

    beau texte ! bien écrit et rempli de transparence

  8. Christine
    4 février 2021Répondre

    Quel beau partage! ❤️
    Avec vulnérabilité, simplicité et douceur.
    Cela prend beaucoup de courage et d'amour de s'arrêter, ralentir et se choisir. Mais cela en vaut la peine et cette remise en forme spirituelle, intérieure et physique nous donne l'énergie pour booster notre création et découvrir que nous serons utile d'une autre manière...
    Avec toute ma gratitude, Chrisitne

  9. Sylvie Labelle
    4 février 2021Répondre

    Très beau texte Nathalie. Quant à moi, j'ai pris ma retraite pour voyager et voir mes petits-enfants...tout cela est tombé! Depuis 30 ans je roulais à 100 miles à l'heure....et tout à coup, mon train s'est arrêté! J'ai fait du grand ménage, améliorer mon décor et aussi j'ai fait de la cuisine ...et j'ai repris la plume pour créer des projets en Afrique pour soutenir l'entrepreneuriat des femmes...3 beaux projets ont été acceptés et je continue d'écrire. Le train est reparti, plus doucement mais sûrement!

  10. Mark Khoury
    4 février 2021Répondre

    Merci d’avoir partager ceci. Ça me mets plus à l’aise de reconnaitre ma propre experience.

    Je crois que je suis en train de vivre en ce moment, ce que vous avez vécu en Mars 2020.

    Le début de la COVID était l'inverse pour moi. J'avais un nouveau projet entrepreneurial qui avait commencé le 1er Mars. L'arrivé des confinement a eu comme effet de me lancer avec encore plus d'énergie et d'acharnement dans le projet. C'était super excitant, et ça roulait bien! Chaque obstacle, incluant une hospitalisation (pas COVID), je le surmontais sans hésitation, avec détermination.

    Mais je pense qu'en arrière-plan de tout ça, les changements radicaux à notre société, les confinements et les fermetures, l'absence de contact humain, causaient tous un épuisement inaperçu... ou un que je me cachais.

    Quand, en Décembre, j'ai fait face à un nouvel obstacle plus sérieux, j'ai été complètement détruis. Plus aucune énergie ou capacité de trouver un début de solution: je ne me reconnaissais pas. Durant tout le mois de Janvier, je n'ai rien fait. Non mais vraiment rien: mes journées passaient sans trop savoir comment elles sont passées.

    J'ai l'impression d'en sortir aujourd'hui. D'ailleurs, même mes courriels ça ne me tentais plus de les ouvrir. Ni d'écrire un text comme celui-ci, ou tout autre texte.

    Donc merci encore, et je crois que cette pandémie nous aura tous affectés, même si on va s'en rendre compte tous à un moment différent.

    Bonne année à tous et à toutes.

  11. Manon Allard
    8 février 2021Répondre

    Vraiment inspirant en ce lundi matin ! Merci chère Nathaly, XXX

  12. Jacques Poulin
    10 février 2021Répondre

    Très beau témoignage Nathaly,
    Merci de l'avoir partagé. Tu n'es pas la seule qui a été invité à cette traversée mais ton chemin est une est une piste qui fera école!

  13. Pierre noley
    8 janvier 2023Répondre

    Bravo c'est tres motivant.

  14. Mélanie
    28 novembre 2023Répondre

    Très beau texte Nathaly. Très inspirant.

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