L’industrie de l’entrepreneuriat : vibrante et (encore) subventionnée

28 septembre 2018

J’ai amorcé l’année en vous partageant cinq tendances de notre industrie (Cinq tendances en entrepreneuriat). Je poursuis ma réflexion et voici une première analyse de l’industrie de l’entrepreneuriat. Dans l’article associé, vous trouverez des pistes pour stimuler la performance globale de notre industrie. Elles pourraient inspirer nos nouveaux élus!

Des stratégies gouvernementales gagnantes

Fortement engagé en amont, le secteur public a mis en oeuvre plusieurs stratégies gagnantes au fil des années dont le plus récent : le Plan d’action gouvernementale en entrepreneuriat (PAGE). Par une succession de plans stratégiques, celui-ci vient stimuler l’activité entrepreneuriale, la création d’entreprises, l’augmentation du nombre d’entrepreneurs et ultimement la croissance économique. Évidemment, parce que l’on parle du transfert d’un chef à un autre, tout l’aspect de la problématique de la relève fut pris en considération.

Ces stratégies ont connu de beaux succès. L’entrepreneuriat est aujourd’hui une industrie vibrante et animée, et selon l’Indice entrepreneurial québécois de la Fondation de l’entrepreneurship (INDICE 2017), l’activité entrepreneuriale n’a jamais été aussi dynamique. D’ailleurs, cette semaine (25 septembre 2018), nous avons constaté avec enthousiasme les résultats fulgurants de Montréal (INDICE MTL 2017).

Des écosystèmes locaux mobilisés

Le monde idéal serait sans doute qu’il y ait absence d’intervention étatique de toute part, que l’écosystème entrepreneurial puisse vivre de lui-même et se prendre en charge. Toutefois, les disparités entre les secteurs d’activités économiques, entre le niveau de vie des habitants et le dynamisme entrepreneurial inégal des territoires requièrent un coup de pouce.  

Si bien que les élus locaux ont aussi emboîté le pas en favorisant des stratégies locales en entrepreneuriat.  À Shawinigan, le modèle de communauté entrepreneuriale inspire l’optimisme. Par une mesure communiquée, la mobilisation de son écosystème et une stratégie coordonnée, la ville a transformé son économie, passant d’une culture de boîtes à lunch à une culture d’entrepreneuriat d’opportunité. Plusieurs autres territoires s’activent pour créer cet effet de communauté entrepreneuriale.

Vibrante par le privé qui s’active

L’État a eu du renfort du secteur privé. En effet, ces stratégies furent littéralement propulsées par l’arrivée massive du secteur privé en entrepreneuriat, et ce, de deux manières :

  • par la philanthropie entrepreneuriale
  • par le développement de produit de niche pour entrepreneurs

Place à la philanthropie entrepreneuriale

D’abord par un vaste mouvement philanthropique, les entrepreneurs ont compris qu’ils avaient un rôle significatif à jouer pour transmettre leurs valeurs entrepreneuriales, leur savoir-faire et leur savoir-être. Que ce soit par le mentorat, par l’approche  « E to E », par l’implication des entrepreneurs sur les tables régionales en entrepreneuriat, par des témoignages dans les écoles ou encore en jouant un rôle d’ambassadeurs (par exemple, en entrepreneuriat féminin, plus de 35 femmes d’influence ont fait la promotion de Femmessor) ou en éduquant les Québécois grâce à l’émission Dans l’oeil du dragon, les entrepreneurs d’expérience ont mis l’épaule à la roue pour stimuler l’entrepreneuriat au Québec. Nous avions grandement besoin de modèles pour progresser; ils furent au rendez-vous.

Plus encore, depuis les 10 dernières années, les grands philanthropes du Québec et la CDPQ ont contribué financièrement aux innovations en entrepreneuriat notamment en injectant des millions de dollars dans le système d’éducation ou d’autres programmes d’accompagnement en entrepreneuriat.

Aujourd’hui, cela teinte notre écosystème tout entier et à mon avis, c’était le chaînon manquant de notre culture entrepreneuriale: la contribution du privé! Il y aura toujours une place et une manière d’intervenir par les gouvernements, mais l’impulsion du secteur privé est tellement fondamentale.

De nouveaux produits et services de niche

L’autre mouvement du secteur privé est encore plus récent. Compte tenu de la vivacité de l’industrie, certaines activités du secteur privé en entrepreneuriat se sont nichées en offrant des services de pointe dans le domaine. Encore aujourd’hui, nous observons la multiplication des programmes d’accompagnement privés notamment en animation, en coaching, en formation et en accompagnement à la croissance (EEB, Institut du leadership, Adrenalys, Alias entrepreneurs, etc.).

Ce mouvement se répercute également au niveau du réseautage avec l’arrivée de nouveau rassemblement tel que Expo Entrepreneurs qui a tenu sa première édition à Montréal en 2018 et qui ambitionne de se propager aux quatre coins du Québec.

Tout un changement par rapport aux années 2000-2010! À cette époque, la Fondation de l’entrepreneurship et quelques joueurs majeurs peinaient à financer ce type d’activités. Nous n’aurions jamais osé faire de l’argent en offrant ces services. Clairement, les acteurs de notre industrie sont plus diversifiés.  Il ne s’agit plus majoritairement d’OBNL ou d’organismes publics.

En faire un mouvement perpétuel

En somme, l’industrie va bien et la mobilisation d’une belle diversité d’acteurs dynamise notre l’écosystème.  Notre défi réside à perpétuer ce mouvement pour qu’il devienne naturel, instinctif, ancré dans nos valeurs sociétales un peu à la manière des Beaucerons. Ils sont responsables de leur économie.

Certes, l’État et les élus ont encore un rôle majeur à jouer en entrepreneuriat et, considérant les belles avancées réalisées dans les dernières années, avec confiance, nous pouvons assurément rendre cet écosystème entrepreneurial encore plus performant.

Je vous présente mes idées et mes recommandations dans l’article associé suivant : cliquer ici

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