Nous mettons l’emphase sur l’importance de l’entrepreneuriat en ce qui concerne la création de nouvelles entreprises et surtout l’implication de la relève l’entrepreneuriale. On encourage massivement l’entrepreneuriat jeunesse, notamment car la démographie des entreprises et des entrepreneurs met en lumière un manque mathématique de releveurs d’entreprises. Le changement de main de plusieurs entreprises nous place dans une situation économique fragile.

Croisons ce phénomène avec un autre constat provenant d’une étude de la Fondation de l’entrepreneurship (2013). Seulement 30 % des entrepreneurs souhaitent faire croître leur entreprise comparativement à plus de 40 % dans le reste du Canada. De plus, 15 % d’entre eux souhaitent exporter contre 30 % des entrepreneurs actifs ailleurs au pays. Peu d’entrepreneurs ont l’ambition de générer une croissance susceptible de créer la richesse dont nous aurons grand besoin. Il est favorable d’encourager la création d’entreprise, mais voulons-nous une économie composée d’une multitude de petites entreprises qui se partagent un marché local ? Surement pas. Si rien n’est fait pour stimuler l’ambition de nos entrepreneurs, une partie des entreprises seulement sera au cœur de la création de richesse à venir.  De quelle partie serez-vous ?

Le verre à moitié plein !

Nous évoluons actuellement dans un contexte favorable à la croissance d’entreprise. Ce problème doit être vu comme une opportunité d’acquérir une entreprise, de croître par acquisition ou de consolider des marchés. De quels profils d’entrepreneurs avons-nous besoin dans ce contexte ? De ceux qui voient loin, qui sont capables d’organiser la croissance, qui peuvent attirer, inspirer et diriger des équipes de haut niveau ou qui sont en mesure de développer les marchés à l’international ? Nous avons besoin d’entrepreneurs plus performants et plus ambitieux.

Moins compétents pour entreprendre

Est-ce que notre bassin d’entrepreneurs possède les compétences pour saisir les opportunités qui se présentent à nous et ainsi relever les défis auxquels nous serons confrontés ? Une publication récente du GEM 2013 (UQTR) éclaire la situation des compétences entrepreneuriales. À la question : Avez-vous les compétences pour créer une entreprise ?, seulement 35,6 % des Québécois de 18 à 64 ans s’estiment compétents, un écart de 17 % par rapport aux répondants du reste du Canada. Pourquoi les Québécois ont l’impression de ne pas être capables de créer eux-mêmes leurs entreprises ? Quelles perceptions ont-ils de leur patron ou des exigences du métier d’entrepreneurs ? Les compétences requises pour créer et exploiter une entreprise, les connaît-on vraiment ?

Avoir un mentor en affaires

Étonnamment, lors de nos entrevues de recrutement à l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB), nous demandons aux entrepreneurs s’ils ont un mentor en affaires ou quelqu’un qui réussit et qui les inspire. Je suis toujours étonnée de constater que les gens ont peu de références d’entrepreneurs. Du côté de la relève, les réponses sont aussi intéressantes, car 100 % des releveurs vont nommer leurs parents. C’est un sentiment de fierté et d’inaccessibilité qu’ils nous communiquent. Dans mon cas, c’est presque impossible de penser être aussi compétent que mon père. Talent naturel pour voir le futur de l’entreprise, talent relationnel exceptionnel, habileté à négocier remarquable ou encore courage stratégique qui donne le vertige sont en liste des compétences qui semblent si admirées. Même les enfants d’entrepreneurs, susceptible d’observer au jour le jour les talents requis pour entrepreneurs, doute des leurs.

De leur côté, ceux qui sont en affaires estiment avoir les compétences requises pour administrer une entreprise. Forcément, ils réussissent avec la leur. Questionner sur leurs motivations à s’inscrire à l’EEB, les entrepreneurs répondaient systématiquement ressentir un besoin de repousser les barrières de leurs connaissances, d’acquérir de nouveaux outils pour mieux gérer et avoir de nouvelles inspirations pour mieux créer le futur de l’entreprise. Le partage d’expériences est au cœur de ce que les entrepreneurs souhaitent partager pour apprendre et se développer.

Commencer par évaluer sa juste compétence

Dans la foulée de la création de l’EEB, nous avons développé un questionnaire visant à évaluer leur niveau sur une série de compétences entrepreneuriales que nous avions identifiées chez les grands entrepreneurs rencontrés pour créer le programme et le modèle. Après avoir fait passer le test à tout le groupe, nous étions totalement surpris des résultats réalisant qu’ils étaient tous très élevés. Pourquoi s’inscrire à un programme de formation de deux ans si on possède déjà toutes les compétences des grands entrepreneurs ? Nous avions alors discrédité le test. Au rancart !

Or après quelques mois en formation, nous avons constaté que les entrepreneurs avaient beaucoup progressé. Nous percevions que leurs compétences entrepreneuriales, comme par exemple, la clarté dans la communication, étaient nettement plus aiguisées.

Quelle surprise nous avons eu en refaisant passer le test des compétences un an plus tard! Les résultats des entrepreneurs avaient tous diminués. Après un an en formation, voilà que nos clients se percevaient moins compétents ! Notre équipe observait des améliorations importantes, alors qu’eux notaient leurs compétences en deçà de ce qu’ils avaient noté un an plus tôt. Sur certaines autres compétences, les résultats étaient au maximum. Ils avaient pris conscience de leur réel niveau de compétences. En évoluant en groupe d’entrepreneurs, en rencontrant les grand noms du Québec inc., les entrepreneurs ont pu mieux évaluer les zones où ils étaient nettement supérieur et d’autres où ils pouvaient réellement progresser. Selon les modèles sur les processus d’apprentissage, ils devenaient conscients de leur zone d’incompétence. La première étape vers un processus de développement des compétences.

Il n’est donc pas surprenant de constater que la population en générale a du mal à évaluer ces habilités d’affaires. Même les entrepreneurs aguerrit y arrivent mal.

En conclusion

La situation optimale consiste à être totalement en conscience de l’ensemble de ces compétences comme chef. De ce fait, la connaissance et la maîtrise de soi sont surement les premières compétences à acquérir comme dirigeant.

Quelques compétences conscientes des chefs d’entreprises

  • Visionnaire
  • Leadership
  • Habiletés relationnelles

Les compétences inconscientes des chefs d’entreprises

  • Penser, être et agir différemment : « Tu me dis que je ne serai pas capable. Regardez moi bien aller. »
  • Avoir de l’intuition et le courage de les suivre : « Je ne peux l’expliquer, mais je le sens, c’est par là qu’on va. »
  • Être confortable dans l’incertitude.
  • Carburer à l’adrénaline.
  • Capter les informations et les tendances que d’autres ne voient pas et leur donner un sens dans l’action. « Connecting the dots» disait Steve Jobs.

Surveillez notre prochain texte sur les quatre étapes de l’apprentissage.