Jamais assez de pains !

30 novembre 2018

Notre rêve conjoint, mon chum et moi, était d’ouvrir une boulangerie. Pour satisfaire les financiers, nous avions prévu vendre entre 35 et 50 pains par jour de semaine et 100 pains le samedi. Je me souviens du doute qui nous habitait à ce moment-là. Étions-nous trop optimistes ? Allions-nous vraiment avoir assez de clients ?

Dès la seconde semaine d’activité, nous avons manqué de pains à 15 h le mardi, puis à 14 h le mercredi et ainsi de suite jusqu’à ce fameux samedi où nous avons manqué de pain à 11 h ! Précisons que la boulangerie devait être ouverte jusqu’à 18 h…

Chaque jour, nous avions augmenté la production. Dépassant constamment nos prévisions initiales (plus que ridicule avec le recul). Après quelques mois, la boulangerie offrait du pain jusqu’à la fermeture. Nous avions instauré un système de réservation pour les clients et atteint plus d’une fois nos objectifs de vente. Grande satisfaction ?! Non, pas vraiment et certainement pas pour mon chum, le boulanger.

« Pour être satisfait, je dois avoir des objectifs à atteindre », me disait-il.

Parfait, objectifs plus ambitieux nous nous sommes donné. Publicités, commandites d’activités, création de nouveautés, nous étions sur une belle lancée. La croissance prévue fut au rendez-vous !

Puis, vint ladite semaine de l’atteinte des objectifs ! Le relevé de la caisse enregistreuse à la main, je présente la preuve de notre réussite à mon chum. « C’est bien », me dit-il. « Maintenant, nous allons produire deux fois plus de pains la semaine et deux fois et demie le samedi. » Et la machine était repartie !

Avons-nous pris cinq minutes pour souligner, que dis-je, pour constater l’atteinte de notre objectif ? Oh que non !

Des années après la vente de la boulangerie, j’ai ressenti ce sentiment d’insatisfaction, d’être toujours dans l’attente de mieux, voire de plus et cette impression de devoir toujours être ailleurs. Nous aurions pu faire une pause pour constater notre évolution, pour nous arrêter et savourer notre réussite. Ce n’était pas pour l’argent ni pour la gloire que nous avions ouvert la boulangerie. Mais pourquoi donc ?

Bien sûr arriva le jour où faire davantage de pains n’était plus possible. Il fallait maintenant ouvrir d’autres boulangeries pour faire plus de pains. Fatigués de toujours en vouloir plus, nous ne savions plus pourquoi nous avions besoin de toujours en faire autant. Maintenant, je sais que nous avions perdu ce que Simon Sinek appelle le WHY.

Depuis, nous avons vendu la boulangerie et nous prenons maintenant (pas toujours hélas !) le temps de célébrer l’atteinte de nos objectifs.

Nous avons découvert que le bonheur de monter une montagne n’est pas d’atteindre son sommet pour viser le second, mais plutôt de s’arrêter en route pour admirer la vue, pour constater avec fierté le chemin parcouru et, pourquoi pas, reprendre aussi son souffle.

Avec du recul, je peux affirmer que c’est l’aventure la plus extraordinaire que nous avons vécue même si nous n’avions jamais assez de pains !

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