Bilan de l’entrepreneuriat 2020 : au cœur des entrepreneurs

16 décembre 2020

Il était impossible d’imaginer cette année-là à l’avance ! La réalité a largement dépassé la fiction. Quel bilan de l’entrepreneuriat en 2020 pouvons-nous faire ? Tout un !

Ode à la résilience des entrepreneurs

Le 15 mars 2020, la vie de millions de gens a été bouleversée. Nous le savons. Certaines personnes ont des habiletés plus naturelles que d’autres pour faire face au chaos : les entrepreneurs ! Et c’est ce qu’ils ont démontré tout au long de l’année. 

S’informer, revoir leur plan d’action, être mal informés, revoir leur plan d’action, prendre des décisions difficiles, revoir leur plan d’action, congédier avec tristesse des collaborateurs, revoir leur plan d’action, réembaucher avec joie, revoir leur plan d’action, changer leur mode de travail, rassurer les employés, s’ajuster aux nouvelles réalités de consommation, tenter de prévoir l’imprévisible… ET ENCORE revoir leur plan d’action : tel est ce qu’ils ont dû faire et vivre !

Les entrepreneurs ont réussi à maintenir l’économie du Québec à flot et même à assurer une croissance dans un contexte de tempête mondiale. Chapeau pour cette résilience au quotidien !

Ralentir pour se réinventer grâce à une grande créativité

Nous pourrions presque dire, fort heureusement, la « fermeture » de l’économie du Québec nous a tous permis de ralentir. Pendant cette période, plusieurs entrepreneurs ont recentré leurs stratégies d’affaires.  Pour une grande majorité, cette période a été cruciale. Fini les activités extraentreprises, le report des projets de croissance, la révision des modes de gestion, la consolidation des bons clients. Dans l’adversité, on reconnaît les employés et les partenaires clés prêts à collaborer et à retrousser leurs manches et ceux qui sont centrés sur leur nombril. Cela ouvre les yeux ! D’autres entrepreneurs ont carrément réinventé l’entreprise. De toute évidence, le chaos et la créativité font bon ménage !  

Au cours de la relance économique, les entrepreneurs ont fait preuve, une fois de plus, d’une créativité hors du commun ou ont mis leur entreprise à niveau, notamment en ce qui a trait au commerce en ligne, au service client, au télétravail, à la conciliation travail-famille, etc.

Cela dit, j’ai constaté que les entreprises bien structurées dont les modes de gestion sont à l’avant-garde ainsi que les entrepreneurs bien entourés ont pu s’ajuster rapidement et profiter d’une forte croissance dans certains secteurs de l’économie.  

Deux vitesses de croisière

En juin, nous avons clairement constaté que l’économie fonctionnait à deux vitesses.

D’une part, il y avait les entrepreneurs qui roulaient à fond la caisse, avec un grand soutien public, et qui ont même amélioré leurs résultats financiers. En plus d’être confrontés aux enjeux de la COVID-19, ils ont eu à naviguer entre les problèmes classiques de croissance (approvisionnement, délais, surchauffe opérationnelle, etc.) et ceux plus circonstanciels de main-d’œuvre : absentéisme, insécurité, maladie, fatigue, gestion à distance sans outils performants, etc.

D’autre part, il y avait les entrepreneurs qui voyaient ralentir considérablement les activités de leur entreprise sans disposer d’énergie, de ressources, de solutions, ni de liquidités pour y remédier. Ce sont les grands perdants de cette crise. Sauront-ils se relever en 2021 ? Espérons-le.

L’entrepreneuriat s’invite ou s’impose dans la maison

Il est déjà parfois difficile pour quelqu’un de vivre avec un conjoint entrepreneur (partager sa vie avec un entrepreneur) ou d’être l’enfant d’un parent entrepreneur (grandir dans une entreprise familiale qui grandit). Quand, en plus de tout ça, le chaos des affaires doit se gérer dans la maison, l’harmonie familiale peut être menacée sérieusement. Une grande pression et un stress persistant se sont invités dans les foyers. Au même moment, les enfants faisaient l’école à la maison… eux aussi devaient s’adapter… ouf !

Si vous n’êtes pas en affaires… vous aurez sans doute de la difficulté à comprendre la tension que crée cette réalité, la pression qu’elle exerce, les enjeux financiers ou de relève d’entreprise qu’elle soulève.

Quand j’ai quitté la maison pour les études, j’ai compris à quel point, elle faisait partie de toutes les discussions de famille. Je me suis sentie littéralement libérée de l’entreprise. Je sais qu’il est parfois difficile de savoir où tracer la frontière entre l’entreprise et la famille, mais cela se fait. C’est une discipline qui s’acquiert et qui doit être maintenue par respect pour tous les membres de la famille. Souhaitons que cette période des fêtes soit dédiée à vos proches. C’est le grand temps d’une pause entrepreneuriale !

La politique entrepreneuriale : un moment propice historique

Nous avons eu de la chance : notre entité politique est fortement entrepreneuriale. En effet, notre premier ministre, François Legault, est un entrepreneur et agit comme tel. Il a su s’entourer d’une équipe résiliente et capable de communiquer et de prendre des décisions difficiles. Qui plus est, il a montré un courage admirable en faisant preuve d’humilité par la remise en question de ses propres décisions, notamment celles qui touchaient le cœur des gens, cela pour le bien commun. Merci de prendre soin de nous. Vous inspirez la confiance et le leadership humain.

Achat local

Je ne suis pas encore capable de me positionner sur l’initiative du Panier Bleu et je ne suis pas la seule. Mais force est de constater que, quand les frontières se referment et quand l’étranger nous effraie, nous consentons à nous assurer de la provenance de nos produits, et s’il le faut, payer un peu plus cher pour de la marchandise locale. Et ça nous rend fiers et solidaires. De mon côté, quand je prépare les lunchs, je me dis que les ingrédients qu’ils contiennent sont locaux et parfois bio. Il me semble que « ça goûte mieux » et qu’acheter localement est valeureux.

Hommes en affaires délaissés

Je suis une femme. J’ai été PDG de Femmessor et, au terme de cette année, je commence à avoir un malaise. Je me pose la question : « À force de tenter de corriger des inégalités en créant des structures et des programmes par clientèle, notamment pour les femmes, ne créons-nous pas en même temps d’autres exclusions ? » En fin de compte, serions-nous capables, grâce au bagage que nous avons acquis dans ce type d’organisations spécialisées et ailleurs, d’intégrer le tout dans les structures existantes ?  

Nous savons que la diversité est la clé. Avant de mener nos actions politiques et économiques, faisons une analyse différenciée des besoins par clientèle et adaptons nos offres en conséquence. En 2021, il faut créer des ponts entre les genres, reconnaitre la différence dans toutes nos organisations et gérer en conséquence.

L’énergie pour se réinventer

Pour trouver le courage de se réinventer, il faut être en forme, avoir de l’énergie et être en mesure de se concentrer. Or, ça n’a pas été le cas pour tous. Prendre soin de soi et de son équipe en tout temps est fondamental. C’est comme une police d’assurance qui, en cas de crise, nous assure que notre équipe (et nous-mêmes) avons la capacité de redoubler d’efforts pour créer et innover.

Et la santé pour être bien en affaires

Cette pandémie nous rappelle l’importance et la fragilité de la santé de tous les chefs d’entreprise et des membres de leurs équipes. En cette fin d’année, la plupart des gens ressentent une grande fatigue. J’oserais dire qu’elle est profonde chez plusieurs dirigeants et peut déclencher des enjeux encore plus sérieux de santé mentale.  Fort heureusement, le Québec avait déjà fait quelques pas en matière de santé mentale des dirigeants. Il faudra peut-être pousser une peu plus loin, car l’hiver sera long et froid.

Des entreprises ont fermé. Des entrepreneurs ont perdu ce qui donnait du sens à leur vie. Le découragement guette nos dirigeants en situation « temporaire » d’échec.  Pouvons-nous dès maintenant, mettre en place des programmes de « RE-START » d’entrepreneurs? Monsieur le Ministre de l’Économie, j’ai un programme clé en main pour remettre nos entrepreneurs sur les rails de la fierté, pour reprendre confiance en eux, capitaliser sur leurs expériences et leurs acquis, afin qu’ils reprennent rapidement la voie de l’entrepreneuriat.

En définitive, peu importe l’état de vos affaires, pour vous relever ou vous réinventer, il vous faut puiser à même votre essence humaine. En 2021, il importe de prendre soin de soi avant de prendre soin des autres et de reprendre le contrôle de sa vie pour mieux reprendre le contrôle de son entreprise. Se recentrer, calmer son hamster, se ressourcer profondément, diversifier ses sources de bonheur, cesser de se définir par notre titre, mais plutôt par ce qui nous rend heureux en dehors du boulot.

En pleine tempête, je me répète quelques phrases clés pour me sortir de mes impasses :

  • Quand ça va mal, fais du bien!  
  • Au printemps, tout renaît. Patience.
  • Tu ne sais pas quelles décisions prendre? N’en prends pas! Patience.
  • Devant une situation qui semble sans issue, je relis le magnifique livre de Christine Michaud Le miracle : que ferait l’amour? et je me pose la question à mon tour.  

Ceux qui sont habitués à mes bilans formels de l’entrepreneuriat trouveront celui-ci légèrement différent. Je vous le concède et je l’assume pleinement!

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D’intrapreneure à entrepreneure, Nathaly Riverin a initié plusieurs projets en entrepreneuriat au Québec, notamment l’Indice entrepreneurial, les communautés entrepreneuriales et l’approche unique de l’École d’entrepreneurship de Beauce, entreprise qu’elle a co-créée et dirigée de 2007 à 2014. Économiste de formation, elle s’est spécialisée en entrepreneuriat et stratégies et cumule plus de 25 ans d’expertise dans ces domaines. Elle occupa différents sièges notamment celui de VP recherche et développement de la Fondation de l’entrepreneurship, de DG de l’EEB et de PDG de Femmessor. En 2017, elle créait Rouge Canari, une entreprise-réseau dédiée au développement des connaissances et des compétences des entrepreneurs et des acteurs de l’écosystème entrepreneurial. Elle accompagne, forme et mobilise les entrepreneurs et leurs équipes et se passionne particulièrement dans le développement de projets d’envergure comme le nouveau sommet provincial sur l’intrapreneuriat SPINE ou La classe des entrepreneurs. En 2014, Mme Riverin fut reconnue aux Mercuriades de la FCCQ pour sa contribution en entrepreneuriat. Elle siège actuellement sur le CA de l’École des gouverneurs de l’UdS et sur quelques comités aviseurs d’entreprises privées.

1 Comment
  1. Patrick Lacasse
    4 février 2021Répondre

    Bravo Mme Riverin! Inspirant, réaliste, représentatif. Une véritable révolution managériale se poursuit. Bon courage à tous les entrepreneurs québécois, peu importe le genre,travaillons ensemble dès maintenant!

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